Parce que nous
vivons dans un monde de plus en plus marqué par la pluralité ethnique,
culturelle et religieuse, chacun est amené à sortir de son chez soi, à
entrer en relation avec l’autre et par là même à dialoguer et à partager
même ses raisons de vivre.
Le
dialogue n’est pas la stratégie du moment, ni un lieu d’influences et
de compétition. Il est d’abord une attitude spirituelle du croyant.
Celui-ci se tient en dialogue devant son Dieu de manière à ce que cela
se reflète dans son dialogue avec lui-même et avec les autres. Cette
attitude a trouvé sa pleine expression avec le concile Vatican II
(1962-1965) : « L’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans... Si,
au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont
manifestées entre chrétiens et musulmans, le Concile les exhorte à tout
oublier du passé et à s’efforcer à la compréhension mutuelle ainsi qu’à
protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice
sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Nostra Aetate,
n°3).
Un
tel dialogue repose sur une spiritualité qui fait passer le croyant du
ghetto à l’accueil, de la défiguration d’autrui au respect de l’autre,
de l’antipathie à la rencontre fraternelle. Dialoguer avec celui qui
croit autrement est une démarche qui consiste à le connaître et à le
reconnaître comme il entend l’être, à l’accueillir comme un achèvement
de soi-même.
Le
dialogue entre croyants différents est un espace de rencontre
interactive au service de la convivialité et de la paix dans la justice,
valeurs inscrites dans nos deux religions et qui découlent de notre
commune appartenance à la grande famille humaine. Le père Claverie
disait en 1991, lors d’un colloque à Paris : « On dialogue avec un être
humain qui est un frère », un frère qui demande à être rencontré avec
confiance et amour, dans le respect de son altérité, un frère disposé,
comme nous au nom de sa foi, à rendre la terre plus habitable selon le
projet de Dieu.
Dans
un tel dialogue, il convient d’être au clair avec sa propre identité
religieuse, c’est une condition pour reconnaître l’autre en tant qu’il
est autre. Celui que « je » rencontre et avec lequel « je » dialogue
doit pouvoir dire « je » comme moi et être écouté comme tel.

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