jeudi 15 mai 2014

Le courage ou la force, quelle vertus morale permet d'affronter la peur?

En effet l’homme, par nature, craint tout ce qui menace son intégrité physique et morale. Le courage chrétien, c’est la capacité d’aller au-devant des dangers pour témoigner de sa foi et pour aimer son prochain.

Le courage a besoin des autres vertus

C'est pourquoi le courage a besoin des autres vertus cardinales. Il a besoin de la tempérance, vertu qui gère le plus harmonieusement possible les pulsions et les émotions, afin qu'elles ne nous entraînent pas dans des voies sans issue. La tempérance régule les passions et les réordonne vers des désirs plus profonds. Par exemple, le pompier courageux doit apprendre à contrôler sa volonté de séduire ou de dominer les autres, sans quoi il briserait le travail d'équipe et dégoûterait les jeunes recrues.

De même, le sens du courage ne doit pas conduire à mépriser ceux qui en sont dépourvus. Il est parfois plus difficile aux fortes personnalités, qui ont traversé avec succès les épreuves de la vie, d'admettre que d'autres personnes se laissent gagner par l'oisiveté, l'alcool ou d'autres addictions. Pourtant, le sens de la justice reconnaît que nous ne sommes pas égaux dans la capacité de résistance aux aléas de la vie. Les institutions qui soutiennent les plus démunis visent l'équité, qui consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû, en tenant compte de telles disparités. Quant à la prudence, elle est l'art de combiner le courage, la tempérance et la justice, dans le concret.

Prenons un exemple dans l'éducation. Les parents ont le souci d'éveiller leurs enfants au courage, pour qu'ils soient plus à l'aise dans l'existence et sachent venir en aide aux autres. Certains parents peuvent choisir le scoutisme, qui enseigne à la fois le courage, la maîtrise de soi et le sens de la justice. La formule conviendra à beaucoup : leurs enfants s'endurciront au froid en couchant sous la tente, domineront leurs craintes du groupe et de la pleine nature, ils apprendront le partage et la solidarité. Il se peut aussi que le scoutisme ne convienne pas à tel ou tel enfant, pour des raisons de santé, de tempérament, ou simplement de goût. Il faudra alors de la compréhension et du doigté pour trouver d'autres moyens d'initier ces enfants-là au courage, en les aidant à vaincre des peurs qui sont à leur portée, sans excéder leur force de résistance.

A chacun sa façon d'être courageux

Ce bref parcours avec la vertu de force montre l'intérêt des vertus pour porter un regard neuf sur la morale. Celle-ci n'est pas seulement une affaire de règles et de normes. Elle est aussi une affaire de croissance, sachant que les échecs peuvent être surmontés. Les vertus renvoient à un exercice total, qui engage le corps, le cœur, l'esprit et l'intelligence, mais aussi le sens de l'observation. On devient courageux en regardant comment font les gens courageux. Enfin, les vertus apprennent le sens de l'humilité et de l'identité singulière : il n'y a pas qu'une seule manière d'être fort. À chacun donc d'inventer le chemin de courage qui lui correspond le plus et le tire en avant !

P. Philippe Bordeyne, doyen du Theologicum, faculté de Théologie et de Sciences Religieuses de l'Institut Catholique de Paris ; janvier 2011

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Elizabeth Aïssatou Mbéne Tine: la surdouée du village de SOP (Niakhar) impressionne

Pour certains, aller à l'école est un véritable parcours du combattant. Elizabeth Aïssatou Mbéne Tine est élève en 6ème au CEM de Niakh...