En effet l’homme, par nature, craint tout ce qui menace son intégrité
physique et morale. Le courage chrétien, c’est la capacité d’aller
au-devant des dangers pour témoigner de sa foi et pour aimer son
prochain.
Le courage a besoin des autres vertus
C'est
pourquoi le courage a besoin des autres vertus cardinales. Il a besoin
de la tempérance, vertu qui gère le plus harmonieusement possible les
pulsions et les émotions, afin qu'elles ne nous entraînent pas dans des
voies sans issue. La tempérance régule les passions et les réordonne
vers des désirs plus profonds. Par exemple, le pompier courageux doit
apprendre à contrôler sa volonté de séduire ou de dominer les autres,
sans quoi il briserait le travail d'équipe et dégoûterait les jeunes
recrues.
De même, le sens du
courage ne doit pas conduire à mépriser ceux qui en sont dépourvus. Il
est parfois plus difficile aux fortes personnalités, qui ont traversé
avec succès les épreuves de la vie, d'admettre que d'autres personnes se
laissent gagner par l'oisiveté, l'alcool ou d'autres addictions.
Pourtant, le sens de la justice reconnaît que nous ne sommes pas égaux
dans la capacité de résistance aux aléas de la vie. Les institutions qui
soutiennent les plus démunis visent l'équité, qui consiste à rendre à
chacun ce qui lui est dû, en tenant compte de telles disparités. Quant à
la prudence, elle est l'art de combiner le courage, la tempérance et la
justice, dans le concret.
Prenons
un exemple dans l'éducation. Les parents ont le souci d'éveiller leurs
enfants au courage, pour qu'ils soient plus à l'aise dans l'existence et
sachent venir en aide aux autres. Certains parents peuvent choisir le
scoutisme, qui enseigne à la fois le courage, la maîtrise de soi et le
sens de la justice. La formule conviendra à beaucoup : leurs enfants
s'endurciront au froid en couchant sous la tente, domineront leurs
craintes du groupe et de la pleine nature, ils apprendront le partage et
la solidarité. Il se peut aussi que le scoutisme ne convienne pas à tel
ou tel enfant, pour des raisons de santé, de tempérament, ou simplement
de goût. Il faudra alors de la compréhension et du doigté pour trouver
d'autres moyens d'initier ces enfants-là au courage, en les aidant à
vaincre des peurs qui sont à leur portée, sans excéder leur force de
résistance.
A chacun sa façon d'être courageux
Ce
bref parcours avec la vertu de force montre l'intérêt des vertus pour
porter un regard neuf sur la morale. Celle-ci n'est pas seulement une
affaire de règles et de normes. Elle est aussi une affaire de
croissance, sachant que les échecs peuvent être surmontés. Les vertus
renvoient à un exercice total, qui engage le corps, le cœur, l'esprit
et l'intelligence, mais aussi le sens de l'observation. On devient
courageux en regardant comment font les gens courageux. Enfin, les
vertus apprennent le sens de l'humilité et de l'identité singulière : il
n'y a pas qu'une seule manière d'être fort. À chacun donc d'inventer le
chemin de courage qui lui correspond le plus et le tire en avant !
P. Philippe Bordeyne, doyen du Theologicum, faculté de Théologie et de
Sciences Religieuses de l'Institut Catholique de Paris ; janvier 2011
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