Certains les considèrent comme des gadgets futiles. Ces écrans qui se
plient à volonté pourraient être bien utiles dans beaucoup de domaines
et connaître de nombreuses applications. Ils sont parmi les premiers
objets emblématiques d’une nouvelle révolution high-tech, celle des
écrans incurvés.
Annonces multiples, prototypes en pagaille, course effrénée à la
R&D... La lutte fait rage entre les plus gros producteurs d'écrans
au monde, en particulier les deux frères ennemis coréens LG et Samsung,
mais aussi Sony, qui cherchent à se damer le pion à coups d'innovations.
LG a ainsi été le premier à annoncer les écrans courbes sur les
téléviseurs. Samsung a riposté avec les premiers smartphones à écrans
flexibles, dits aussi incurvés.
Le LG G Flex et le Samsung Galaxy Round sont-ils les premiers
représentants d'une révolution en devenir dans la téléphonie et même
au-delà ? Ou bien sont-ils de simples prouesses techniques de ces
mastodontes asiatiques à des fins de communication, comme Motorola il y a
cinq ans avec son écran circulaire Aura ? De fait, les fabricants
semblent avoir les yeux de Chimène pour cette technologie qui n'en est
pourtant qu'à ses prémices.
Auraient-ils flairé la « poule aux oeufs d'or », comme le dernier
rapport du cabinet d'études IHS qualifie cette technologie ? Autrement
dit, est-ce là le nouveau relais de croissance que les industriels
attendaient pour continuer à soutenir les ventes de smartphones dans les
pays développés ? À défaut bien sûr d'avoir pu proposer une innovation
plus déterminante pour nous faire changer de mobile.
Mais tout d'abord, il faut savoir de quoi on parle. En entendant le
mot « flexible », les futurs utilisateurs s'attendent sans doute à ce
que le téléphone en entier soit devenu souple. Hélas, il est
malheureusement encore impossible de lui donner la forme voulue,
notamment à cause des batteries, des processeurs et des connectiques qui
technologiques. C'est pourquoi les premiers écrans flexibles qui
débarquent sont simplement des écrans courbes, « incurvés ».
Les premiers exemples de projets de R&D basés sur les écrans OLED
flexibles (ou FOLED pour « Flexible Organic Light-Emitting Diode », une
diode électroluminescente organique) ne datent pourtant pas d'hier. Ils
remontent à 2005 avec Philips. Les Coréens ont continué dans cette voie
pour passer à l'étape clé de la production de masse. Pour autant,
l'intérêt de ces écrans reste pour l'heure limité.
« Un problème d'usage subsiste. Si le produit est courbe, il n'est pas stable. Il est impossible de glisser le doigt dessus lorsqu'il est posé. Il risque aussi de bomber dans la poche », observe Axel Droin, senior manager chez Eleven, cabinet de conseil en stratégie spécialisé sur les impacts de la révolution numérique.
Des écrans incassables et moins énergivores
Il est donc fort possible que l'heure soit encore, pour les
industriels, aux démonstrations de force et de capacité d'innovation,
avec des objets beaux et agréables à toucher. Ce qui déjà ravira les
opérateurs de télécoms qui vont pouvoir attirer dans leurs boutiques les
fameux « early adopters » accrocs aux nouveautés technologiques.
Mais il n'est encore nulle question d'un nouveau design modifiant les
usages, comme Apple a su le faire avec l'écran tactile, produit en
masse et accompagné par une communauté de développeurs d'applications.
Cependant, ces écrans flexibles ou incurvés ont au moins un avantage non
négligeable, une fois qu'ils auront été produits à grande échelle et
que leur prix aura chuté. Comme chacun le sait, le grand risque actuel
est en effet de casser l'écran lorsque le smartphone tombe. Pourquoi ?
Parce que la vitre est rigide.
Or, pour les smartphones incurvés, « l'écran devient plus souple, le substrat est plus résistant, rendant le produit quasi incassable », observe Axel Droin.
Samsung y a ajouté un argument écologique. En optant pour un écran
incurvé, l'industriel a ouvert de nouvelles perspectives en termes
d'affichage d'informations car il se sert de l'arête du terminal pour
diffuser des notifications et faire défiler du contenu (nouveaux
messages, alertes, etc.). Un affichage latéral et non facial qui
économise beaucoup d'énergie. La technologie OLED apparaît d'ailleurs
beaucoup moins énergivore que d'autres affichages, au premier rang
desquels les cristaux liquides (LCD). En outre, l'absence de
rétro-éclairage permet de concevoir des produits plus fins et plus
légers.
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