Et l’Afrique du Sud après Madiba ? De l’avis de tous les experts
sud-africains, la question se pose en termes de continuité. Beaucoup de
médias sud-africains marquent de la défiance vis-à-vis de l’ANC (African
National Congress). Le parti au pouvoir depuis l’élection de Mandela en
1994 est quasiment sûr de remporter les élections en 2015, mais il est
soupçonné d’avoir exploité d’une manière éhontée les lois datant de
l’apartheid. Comme celle qui interdit à quiconque de fournir «toute
information relative aux mesures de sécurité applicables à l’égard de
toute propriété désignée comme National Key Point », à savoir les
installations ou des lieux d’importance stratégique.
Certes, l’avenir de l’actuel président Jacob Zuma n’est pas encore
compromis. Il dirige l’ANC depuis six ans et le pays depuis quatre ans
et demi. Il a promis la croissance et de créer des emplois, mais fait
récemment l’objet d’accusations de corruption. Il aurait notamment payé
sa demeure 28 millions d’euros sur les deniers de l’État.
Les Sud-Africains ne s’attendent à un grand bouleversement.
D’ailleurs, ils sont nombreux à reconnaître que Madiba «n’a même jamais
vraiment présidé l’Afrique du Sud». Dès son premier mandat en 1994, il a
délégué les affaires à son vice-président, Thabo Mbeki, futur leader du
pays. «Est-ce que la mort de Mandela changera quelque chose au sein du
pouvoir ? C’est comme si vous me demandiez si la mort de Mitterrand a
changé quelque chose au PS», note avec répartie Marianne Séverin,
politologue, chercheur associé pour le LAM (Les Afriques dans le
monde/CNRS-Bordeaux). «La disparition de Mandela ne va pas remettre en
cause la démocratie républicaine, poursuit-elle. Elle est déjà bien
installée depuis 1994. Jacob Zuma n’est pas Mandela et les élections de
l’an prochain s’annoncent sans grande surprise. Il faut savoir que ce
sont les suffrages des parlementaires qui éliront le président. Par
ailleurs, l’opposition est marginale : d’un côté Alliance démocratique,
un parti blanc et de l’autre Inkatha, le parti zoulou souvent acquis à
la cause de l’ANC».
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