La ministre à l’Economie numérique, interrogée par les acteurs du Web, a
 mis en avant le décret qui précisera l’article 13 de la loi de 
programmation militaire sur l’accès aux données des internautes,  adopté
 mardi soir au Sénat. 
A Bercy, mardi soir, tout le 
gratin du Web était convié pour un dîner en hommage à la « French 
Tech », à l'invitation de Fleur Pellerin, la ministre en charge de 
l'innovation, des PME et de l'Economie numérique. De Marc Simoncini 
(ex-Meetic, Jaina Capital) à Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée), en 
passant par Axel dauchez (Deezer), Eric Carreel (Withings, Scuplteo, 
Invoxia) et Jean-Baptiste Rudelle (Criteo), la fine fleur de l'Internet 
français avait répondu présent, mais aussi de nombreux startupers, 
bloggeurs et capitaux-risqueurs étrangers, venus dans la capitale à 
l'occasion de la conférence LeWeb organisée depuis dix ans à Paris par 
Loïc Le Meur.
La ministre leur a assuré que « le gouvernement français adore les startups » et en a profité, lors d'une (longue) « minute d'autosatisfaction »
 en forme de cocorico, pour féliciter les récentes levées de fonds d'une
 dizaine d'entreprises françaises du numérique et des initiatives telles
 que l'accélérateur de la Halle Freyssinet de Xavier Niel (absent).
Un décret d'application pour préciser les modalités
Si l'humeur était plutôt à la décontraction et à la célébration, un 
sujet plus sensible s'est invité dans les conversations - il ne s'agit 
pas de fiscalité. Alors que le scandale de l'affaire Snowden, le 
"facteur NSA", est omniprésent dans les discussions à la conférence 
LeWeb, certains acteurs de cet écosystème dont la ministre a salué la 
vitalité sont venus l'interroger sur le fameux « article 13 » de la loi de programmation militaire, qui était en cours d'examen ce soir-là au Sénat, et qui a provoqué une levée de boucliers de nombreux professionnels.
Fleur Pellerin a défendu le texte, qui autorise l'accès renforcé aux 
données de connexion et de géolocalisation des internautes en temps 
réel.
« Il est normal d'effectuer une mise à jour technologique des outils à disposition de la police pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé », a-t-elle fait valoir, en référence à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), qui effectuera un contrôle a posteriori. « L'article 13 renforce en réalité le contrôle démocratique sur le renseignement. Surtout, il y aura par la suite un décret d'application qui précisera les modalités » d'interception des données.
La CNIL devrait être saisie pour avis.
Menace de censure du texte au Conseil d'Etat
Mais l'association des Services Internet Communautaires (ASIC) ne désarme pas : elle a déploré ce mercredi l'adoption de ce texte qui « fragilisera la position française dans le débat européen et international sur la protection des données personnelles. »
 L'association qui compte notamment Google, Facebook, Deezer, 
Dailymotion et PriceMinister parmi ses membres, a enjoint députés et 
sénateurs de « saisir le Conseil constitutionnel afin que celui-ci se penche sur la conformité de ce texte à notre loi fondamentale. »
L'Asic a aussi mis en avant la menace d'une question prioritaire de 
constitutionnalité (QPC) devant le Conseil d'Etat qui pourrait censurer 
le texte. L'association de défense des libertés sur Internet la Quadrature du Net a également appelé les élus à saisir le Conseil Constitutionnel pour « empêcher
 l'application de ces mesures ouvrant la porte à une surveillance 
généralisée des informations et communications sur Internet. »

 
 
 
 
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